ET MAINTENANT ?
par Bernard Cadeau, le 15 mai 2020
Les records de 2019 évoqués dans ces colonnes en début d’année sont si loin ! Oublions !
Mais les défis demeurent. Deux au moins appellent des commentaires : le digital et les prix ou plus généralement l’évolution du marché.
Les crises ont en commun de confirmer des tendances et de pousser les acteurs à se réinventer, histoire que le jour d’après ne ressemble pas au jour d’avant ! Agilité et réactivité sont de mise !
Pourquoi l’industrie immobilière échapperait elle à cette règle ?
La réponse est « non » et c’est exactement ce qui vient de se produire .Il existe bel et bien une évidence digitale et numérique. Les professionnels qui ont pu garder le contact avec les clients, l’ont principalement fait grâce aux outils digitaux, les ventes en instance ont été authentifiées via la signature électronique et le partage sécurisé des documents et grâce aux possibilités offertes par le télétravail, tant chez les professionnels que chez les notaires. C’est bien une digitalisation des processus de vente et de dématérialisation de la transaction qui est en marche. Certains l’ont déjà intégré dans leur action commerciale, d’autres y viendront rapidement.
Les outils digitaux des professionnels, tels la visite virtuelle, l’estimation en ligne,la signature électronique, la géolocalisation (et la liste est longue), ne sont plus depuis longtemps des gadgets pour « early adopters », mais constituent bel et bien des atouts majeurs pour le professionnel. Ce sont des accélérateurs de solutions, facteurs de productivité, au service d’une meilleure expérience client.
N’oublions pas que dans le même temps, les attentes de nos clients ont évolué ; ils exigent un parcours fluide, sans perte de temps, dans une transparence et une indépendance totales. Nous nous devons de nous adapter à ces nouveaux usages. Les millénials sont tous » digital natives »: nés avec internet, ils l’utilisent en permanence .Dans les cinq années à venir, ils représenteront 70% de nos clients !
S’il nous fallait un dernier élément de preuve de cette évidence digitale et numérique, tournons-nous vers les très nombreuses Start up qui entendent proposer des solutions à nos clients : elles reposent exclusivement sur des modèles nouveaux, et certaines se positionnent en réelles concurrentes.
Pour autant, et c’est fondamental, tous ces outils ne trouvent leur quintessence que dans leur utilisation par l’homme. L’humain doit rester et restera au centre de la relation entre ses clients. Gagner en rapidité, en souplesse, en création de valeur, en gain d’énergie oui bien sûr, mais dématérialiser totalement la transaction : non bien sûr ! Qui accepterait aujourd’hui d’acheter sa résidence principale, au vu d’une vidéo (aussi belle soit elle) sans visiter physiquement le bien ?
Le second sujet, les prix, est sans doute plus difficile à cerner et il faut faire preuve d’une grande humilité face aux nombreuses questions encore sans réponse.
Crise ou pas, une correction était nécessaire, car le pouvoir d’achat réel de nos clients n’aurait pas suivi l’augmentation du marché.
La crise va certainement accentuer ce phénomène, mais ce ne sera pas uniforme.
Rappelons que les projets immobiliers n’ont pas disparu durant ces deux mois de confinement. La très grande majorité est seulement décalée et les premiers jours du dé confinement ont marqué l’intérêt aigu des clients pour leur projet ; y aurait-il transformation concrète et massive en acquisitions ? Il est prématuré de répondre.
Parmi les nombreuses questions sans réponse citons : le marché de l’emploi et le nombre de chômeurs, le comportement des épargnants (très nombreux ) ; vont-ils utiliser cette épargne ou bien la conserver en prévision d’un futur incertain ? Les banques, très sollicitées pour les entreprises, auront-elles un regard bienveillant et volontaire sur les demandes de crédit des particuliers ? Comment rebondir dans un marché de vendeurs qui va sans doute muter vers un marché d’acquéreurs ? Quand pouvons espérer un retour à une activité « normale » ?
Mais les nouvelles habitudes de vie et de travail, vont peut-être redessiner une nouvelle géographie des marchés, autour d’une nouvelle qualité de vie, comme par exemple, les villes moyennes bien desservies à proximité raisonnable des grandes métropoles, ou les résidences secondaires qui incarnent le rêve de la maison à la campagne avec jardin et pourraient se muer en résidences principales via le télétravail. Se profile ainsi, une redéfinition des territoires, dont il est encore trop tôt pour apprécier l’impact sur les prix, mais qui pèsera sur les marchés.
Une constante pour conclure sur une note optimiste et réaliste à la fois : une fois encore l’immobilier et le logement ont démontré leur résilience et leur valeur refuge ; celles et ceux qui ne croient plus à la bourse et aux placements financiers ont toujours confiance dans la pierre quoiqu’on en dise. Actif tangible et non délocalisable,le logement n’a pas fini de séduire !